Death Stranding – test d’accessibilité

Lecture intro

Death Stranding a fait couler beaucoup d’encre avant même sa sortie, annoncé comme une oeuvre à part, alors comment y résister !

Type
Action
EditeurSony Interactive Entertainment
DéveloppeurKojima Productions
Date de sortie8 novembre 2019
Classification 18 ans et plus

Death Stranding est le dernier titre de Hideo Kojima, le célèbre auteur des Metal Gear, et s’annonce comme une expérience à part, mettant en avant la connexion entre les êtres vivants. Tout un programme !

Essayons d’expliquer cet univers… Vous y incarnez donc Sam Porter. L’aventure se déroule dans notre monde, mais qui a subi un événement étrange qui a ramené les morts sur terre. Ils sont devenus des créatures invisibles et affamées d’âmes. Si on ajoute le fait que la pluie fait vieillir instantanément tout ce qu’elle touche, l’humanité vit donc isolée sous terre.

Sam Porter

Sam est capable de ressentir ces créatures et même de les voir une fois équipé d’un BB (je vous laisse découvrir, c’est… particulier). C’est donc un des seuls humains capables de se déplacer en surface et donc d’aller d’un site sous-terrain à l’autre.

Vous allez donc devoir visiter l’Amérique, découvrir ce monde étrange, en comprendre le fonctionnement et relier les gens entre eux. Concrètement, en leur livrant les denrées dont ils ont besoin, et en restaurant la connexion entre eux.

Vous allez donc arpenter le monde quasi vide d’humains dans une simulation de marche. C’est un jeu lent, ou on prend le temps d’étudier, découvrir. Vous transporterez des caisses pour alimenter les différentes villes de ce qui reste des Etats-Unis, les UCA. C’est le métier de Sam, livreur. Mais vous serez également impliqué dans une mission dont l’enjeu est la survie des Etats-unis et de l’humanité.

Vous aurez donc beaucoup d’exploration et il faudra trouver le meilleur chemin pour atteindre votre destination. Pour cela, vous découvrirez que ce monde évolue et que les joueurs pourront s’entraider dans leur partie respective.

En effet, si vous jouez en étant connecté, vous pourrez trouver des objets, des ponts et des structures laissées par d’autres joueurs dans leur propre partie. De même, ce que vous laissez pourra servir à d’autres. Il est même possible de « liker » pour remercier le créateur de l’objet. Vous jouez seul, mais en voyant l’influence des autres sur le monde.

Maintenant, qu’en est-il de son accessibilité ?

Notre traditionnelle question, alors regardons ça de plus près.

Lecture intro

Et si j’ai un handicap moteur ?

4 / 10

 

On le sait désormais, c’est la gestion des touches de la manette qui vont être le principal frein à l’utilisation du jeu pour une personne ayant des troubles moteurs.

Or, dans Death Stranding, on se rend compte que la difficulté de manipulation est partie intégrante du gameplay, pour rendre compte de la difficulté d’évoluer dans ce monde étrange.

En effet, il vous sera demandé beaucoup d’exploration, des voyages dans des environnements déserts et accidentés. Et une des tâches principales sera de les traverser sans abîmer vos marchandises.

Et pour ça il faut rester debout ! On vous demande donc constamment de maintenir l’équilibre en jouant avec les deux gâchettes, L2 et R2, pour éviter d’être déséquilibrer à gauche ou à droite. Et je ne vous parle pas des zones venteuses qui vous demanderont d’être tout le tend prêt à vous rattraper.

Les commandes sont fixes, non modifiables. Vous aurez donc compris qu’il est indispensable de savoir utiliser les deux gâchettes, simultanément. Et bien souvent il faudra également utiliser les sticks pour se diriger.

Heureusement, il y a tout de même quelques aides bien utiles dans la manipulation. Vous pouvez régler la sensibilité des mouvements, des sticks ou des caméras. Cela vous permettra de l’adapter à vos mouvements faibles ou au contraire amples.

Vous pourrez également modifier les temps d’appui. En effet, le jeu vous demande régulièrement de rester appuyé sur une touche pour valider une action. Vous pouvez régler ce temps de 2 secondes ou plus, en fonction de votre capacité à rester en position maintenue.

On l’a dit, le maintien de l’équilibre est un point essentiel du gameplay. Là aussi il est possible de régler le temps d’appui nécessaire. Mais c’est également la touche pour tirer. Donc si vous mettez, disons 3 secondes d’appui pour le maintien pour avoir le temps de bien vous positionner, en phase de combat il faudra appuyer plus de 3 secondes. Sinon, le jeu pensera que vous voulez juste maintenir votre position et ne tirera pas.

Passons maintenant aux interactions. Vous transportez du matériel pour vous aider à passer les obstacles durant vos expéditions : échelles, cordes, pont, matrice de construction d’objets… Ils seront importants pour escalader, créer des relais ou traverser les rivières. Leur sélection se fait par un menu radial. Pour sélectionner, il faut donc maintenir le bouton d’ouverture du menu (croix droite) et utiliser le stick pour sélectionner celui à prendre en main. Ensuite vous devez maintenir la gâchette gauche pour activer l’objet en main et appuyer sur la gâchette droite pour l’utiliser. Cela fait donc 4 manipulations pour utiliser un objet et je ne vous parle pas du changement de page d’objet quand vous en portez beaucoup qui demande d’appuyer sur le stick.

Par contre, dans l’univers, dès que vous approchez d’un objet les touches utilisables dessus s’affichent avec leur action, on le ramasse d’une touche.

Il y a tout de même des aides bien utiles et assez rares pour les citer comme la visée automatique ou un niveau très facile qui réduit grandement la difficulté du maintien de l’équilibre. Vous avez également le réglage fin des mouvements de caméra et de l’utilisation des sticks.

Mais malgré cela, les interactions restent complexes, avec plusieurs actions simultanées, des touches à maintenir pressées et une visée nécessaire – au moins pour placer les objets et durant les combats. Cela explique la difficulté de jouer facilement à Death Stranding sans adaptations. Et même avec le bon matériel, je pense que ce ne sera pas le plus évident.

Lecture intro

Et si j’ai une déficience auditive ?

6 / 10

Vous passez la plupart du temps dans un monde vide et silencieux. Et cela convient parfaitement au héros solitaire, Sam, qui apprécie peu la compagnie des autres. Mais le fait d’aller vers les autres, dans tous les sens du terme, est important dans Death Stranding. Donc, voyons comment se passent ces échanges.

Les sous-titres sont classiques : pas de fond opaque, pas de taille réglable ou de changement de couleur et il n’y a pas d’information sur l’environnement de la discussion.

On note que le son n’est pas réglable séparément, il n’y a qu’un réglage sonore global dans le menu. Cela n’aide pas à la concentration en ne laissant que les voix par exemple.

Heureusement, la plupart des éléments sonores sont également ressentis autrement. Par exemple, la manette vibre lorsque vous êtes en difficulté, un ennemi – les échoués – est proche. Votre radar s’oriente d’ailleurs vers l’ennemi le plus proche et son rythme accélère pour vous indiquer la distance. Le BB que vous transportez fait du bruit quand il est en difficulté, mais c’est aussi visible par une jauge à l’écran qui devient rouge.

Death Stranding est donc un jeu qui apporte des aides pour se repérer et jouer sans son, même si on déplore un manque de travail sur les sous-titres.

Lecture intro

Et si j’ai une déficience visuelle ?

2 / 10

Dès le lancement, Michel, qui a une mauvaise vision, me précise que la police est très petite et qu’on voit mal les indications. Il a dû se rapprocher beaucoup de l’écran pour en lire les textes.

C’est heureusement moins le cas pour les sous-titres qui sont de taille plus classique. Nous le disions cependant dans la partie précédente, il n’est pas possible de les modifier pour les rendre plus lisibles. Ce qui n’est pas toujours facile sur certains fonds clairs comme vous le voyez ci-dessus.

La multiplication des modes d’information sur ce qui se passe à l’écran est par contre très utile. Le bip du radar, les cris du BB… on ne peut régler indépendamment les sources sonores, mais elles permettent de donner des informations complémentaires utiles pour le joueur déficient visuel.

La représentation de la dangerosité des trajets se fait par les couleurs du radar qu’il faut déclencher manuellement : bleu pour plat, jaune pour escarpé et rouge pour infranchissable. On ne peut modifier les couleurs.

A noter qu’il n’y a pas de filtres spécifiques pour le daltonisme. Le bleu est très utilisé, dans diverses nuances ainsi que le rouge.

Pour ce qui est des interfaces, le blanc et le bleu y restent très présents et les menus utilisent beaucoup de couleurs proches pour mettre en surbrillance les éléments. Les dessins des objets sont en contours, pas pleins donc pas toujours clairs.

Enfin, il faudra sélectionner à la main sur la carte les éléments. Pour créer un trajet, il faut glisser le marqueur entre les deux points. Pas toujours évident même en zoom maximum sur la carte.

Il y a donc peu de possibilités d’améliorer la visibilité dans Death Stranding ou d’accentuer l’apport sonore. Le jeu va poser des difficultés avec ses sous-titres peu adaptés et des couleurs qui ressortent peu. Death Stranding est donc difficile à jouer sans adaptation externe.

audio

Si j’ai un handicap cognitif ?

  4 / 10

 
1 - mental

Dans Death Stranding, nous sommes plongés directement dans un univers étrange, sans explication. C’est au joueur de découvrir petit à petit. Il est donc difficile d’appréhender ce qui se passe.

Par exemple, dans les premiers instants, une créature invisible approche du héros, laissant des pas : « c’est un dinosaure ? On dirait des traces de gorilles ou d’aliens ? C’est predator ? » les premières minutes sont très confuses et les interprétations parfois originales !

Death Stranding se veut immersif et laisse le joueur le découvrir. Tant sur l’univers que sur le gameplay. Il ne prend donc pas forcément le temps d’apprendre au joueur les éléments de jeu.

Ils apparaissent rapidement à l’écran sans être forcément identifiés. Il nous est arrivé de passer une explication (utilisation du radar qui est essentiel, par exemple) sans que l’équipe s’en rende compte ni ne comprenne son utilisation. On peut cependant retrouver ces informations dans le menu des astuces.

C’est un environnement en 3D, donc comme pour tous ces jeux récents, il vous faudra bien maîtriser l’utilisation séparée, mais simultanée, de la caméra et du déplacement. Ce peut être très compliqué pour certaines personnes.

Il y a des indicateurs à l’écran sur l’objectif à suivre. On le voit ci-dessus, les lieux sont identifiés par un pointeur rond avec une petite icône qui indique sa particularité. Par exemple la « maison » indique la position de la ville et la « petite étoile » est la même que la mission en cours : c’est notre objectif.

Mais comme ils sont discrets, on ne sait pas toujours vraiment quoi faire. Surtout que l’icône pointe la direction en ligne droite, sans tenir compte du terrain. Nos joueurs le suivaient donc sans forcément anticiper la falaise ou la montagne sur le trajet. Death Stranding étant un monde totalement ouvert, on se perd vite.

Heureusement il y a d’autres moyens de se repérer : un « GPS » indiquant le trajet au sol. Mais on a plusieurs difficultés également illustrées ci-dessus.

D’abord, ce n’est pas automatique. Sélectionner une mission ne vous met pas le GPS à jour vers son objectif. C’est à vous de créer le trajet souhaité sur la carte du jeu. Pour cela, il faut tirer un trait avec le stick de la manette entre vous et votre objectif, en maintenant une touche appuyée (direction + carré).

Une fois que c’est fait, le trajet apparait au sol en jeu… si vous utilisez le radar. Enfin, c’est un trajet direct qui ne tient pas compte des obstacles. A vous de le repérer (ligne rouge sur la photo ci dessus) et de le contourner pour retrouver votre trajet plus loin.

Enfin, il y a des traces de pas au sol. Ce n’est pas votre objectif, mais le trajet que vous avez effectué jusqu’ici ! Ca perturbe plus que ça n’aide.

Dans Death Stranding, une des principales difficultés tout au long du jeu est de devoir tenir votre équilibre. En mode normal, c’est un travail de chaque instant en appuyant sur les gâchettes pour se remettre droit. Heureusement, il existe des niveaux faciles qui rendent cela bien moins contraignant.

On notera qu’il est possible à tout moment de choisir les informations affichées à l’écran, car ça peut devenir confus quand elles sont nombreuses. Ce n’est par contre pas possible de le faire pour les sources sonores puisqu’on ne peut que régler le son général.

Vous l’aurez remarqué sur les différentes illustrations, l’écrit est très présent et il sera impossible de jouer si on ne peut lire les informations. On est souvent seul, il n’y a donc personne pour vous rappeler verbalement ce qu’il faut faire.

Si le joueur a du mal à se concentrer ou s’organiser, Death Stranding sera donc très difficile d’accès. En effet, on lâche littéralement seul dans un monde étrange qu’il vous faut découvrir, comprendre et aller vers les autres pour recréer des liens, tant physiques que relationnels.

C’est une tâche complexe pour une personne avec des troubles cognitifs, qui a besoin d’être dirigée dans cette phase de découverte.

audio

Notre avis

Depuis les premières rumeurs sur Death Stranding, on sait que c’est une oeuvre à part, un univers profond qui propose une expérience nouvelle et une réflexion sur notre monde, notre rapport avec lui, notre lien avec l’autre.

Malheureusement, on se rend vite compte que cette expérience sera difficile d’accès pour un joueur en situation de handicap. Le jeu est simple sur son objectif : livrer des objets en arpentant un monde hostile. Mais il est très complexe dans sa réalisation.

Que ce soit son visuel, son besoin constant de rester en équilibre par des manipulations complexes, son univers qui demande un gros effort de réflexion pour le comprendre… autant d’éléments qui vont le rendre difficilement accessible.

Review Scores

4
  • Moteur - 4
  • Auditif - 6
  • Visuel - 2
  • Cognitif - 4

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