Dragon’s Dogma 2 – Notre test accessibilité

Lecture intro

Ce début d’année est riche en sorties et Dragon’s Dogma 2 vient l’enrichir avec un RPG original sur plusieurs points. Difficile d’y résister !

TypeAction RPG
EditeurCapcom
DéveloppeurCapcom
Date de sortie22 mars 2024
Classification 18 ans et plus

Il aura fallu attendre 12 ans pour les fans de cette licence puisque Dragon’s Dogma était sorti en 2012 sur PS3 et Xbox 360. Son extension, « Dark Arisen » sortie en 2016, était surtout un portage sur le PC et n’offrait que quelques nouveaux éléments.

C’est donc un jeu d’aventure en monde ouvert dans un univers médiéval fantastique peuplé de mages, guerriers, gobelins et autres dragons. Mais on trouve aussi des créatures plus originales, comme le peuple félin des Beastren jouables dans ce Dragon’s Dogma 2.

Vous y incarnerez l’Insurgé, un être unique et central de ce monde, car il le façonnera au travers de sa quête pour retrouver l’humanité que le Dragon lui a volé en lui mangeant le cœur. Cette quête sera rendu plus complexe par l’avidité de pouvoir de certains puissants qui usurperont ce statut si particulier.

Dragon’s Dogma 2 reprend donc les grands aspects du jeu de rôle orienté action. Notre personnage est évolutif. Il va devoir s’équiper et monter en expérience et en compétence. Il devra choisir sa classe de combattant entre mage, guerrier, archer et voleur. D’autres viendront ensuite. Et attention, votre choix sera déterminant : un guerrier ne saura même pas utiliser un arc et le mage sera très fragile. Ce n’est pas du tout la même façon de jouer. Le joueur va également devoir explorer un vaste monde et affronter des hordes d’ennemis se mettant sur sa route. Tout ce qu’on aime !

Mais ce jeu a de vraies spécificités. Tout d’abord les pions. En effet, l’influence de l’Insurgé va au-delà de son monde. Des champions viennent d’autres plans et s’incarne dans ce monde pour le soutenir dans sa quête. Mais ces champions ne sont pas d’autres joueurs. Ce sont des Personnages Non Joueurs (PNJs) dirigés par une IA. Le principal avantage est de constituer un groupe équilibré, avec des compétences et spécialisations complémentaires. Avec trois de ces pions à vos côtés, dont un aussi personnalisé que votre propre personnage, vous avez de quoi faire un grand nombre de combinaisons.

Cette complexité dans la gestion de personnage, Dragon’s Dogma 2 va l’imposer dans tous les aspects du jeu. Le but, très bien réussi pour ceux qui le recherchent, est de vous donner une totale autonomie. Les possibilités sont immenses et c’est à vous de les explorer. Vous voulez une potion de soin ? D’accord, il y a des dizaines de combinaisons d’ingrédients qui arrivent au même produit final. A vous de les trouver par essais et erreurs. Et votre soin, vous le voulez direct ? Qui soigne l’empoisonnement ? La pétrification ? Et ça, ce n’est qu’un pan du gameplay.

Ne vous attendez pas à une aventure linéaire. Le monde est vaste. Et il est rempli de personnes qui ont toutes des problèmes à résoudre. Les sollicitations pleuvent, vous êtes un élu après tout. Et c’est sans compter qu’encore plus de choses vous attendent si vous avez la curiosité de sortir des chemins pour explorer. Un PNJ croisé dans la rue évoque l’existence d’une sombre caverne au nord ? Fouillez et trouvez la tanière d’un monstre épique caché !

Dans l’esprit, on est plus proche d’un Starfield très ouvert que d’un God of War très directif.

Un jeu ouvert propose de nombreuses mécaniques de jeu. Et chaque mécanique est un écueil possible quand on parle d’accessibilité. Alors quand on parle d’un jeu TRÈS ouvert, on s’attend à jongler avec les problèmes. On vous en parle en détail, mais spoiler : le jonglage n’est pas le fort de Dragon’s Dogma 2 !

Lecture intro

Et si j’ai un handicap moteur ?

4,5/10

 

« Jeu d’aventure », ce sont donc un jeu aux très nombreuses actions. Et Dragon’s Dogma 2 ne déroge pas à la règle. On l’a testé sur console, et toutes les touches sont utilisées. Et chacune sert à plusieurs actions.

Autrement dit, côté confort d’utilisation, on va tout de suite voir comment s’adapter. Première bonne nouvelle : on peut réorganiser toutes les actions. Enfin… avec de grosses limites. On peut avoir plusieurs profils, donc vous pourrez avoir un profil combat, un exploration… et passer de l’un à l’autre en jeu si besoin.

Par contre, le jeu vous impose des combos de touches. Et c’est sur des actions fréquentes comme le soin rapide ou l’activation de la lanterne. Dans les deux cas c’est L1+ »touche ». La réattribution permet de changer les deux, mais ce sera toujours une combinaison.

Comme nous le disait Ivar, c’est plus facile de passer par l’inventaire (touche « start ») que la combo de soin rapide (L1+haut de la croix directionnelle). Le temps se fige alors, vous pouvez choisir tranquillement la potion adaptée à la situation et vous reprenez d’une touche. Mais, Bibi nous le rappelle, ce genre de choses n’est pas expliquée. C’est à vous de le découvrir.

Donc de nombreuses manipulations de touches et des combos obligatoires, sans possible de les attribuer à une seule touche.

Pour les manipulations, on peut ajouter le besoin de maintenir les touches. C’est très fréquent et parfois pour valider des actions pourtant simple.

Certaines actions peuvent être passées en activation / désactivation. C’est à dire qu’on appuie une fois sur la touche et que cela maintien l’action comme si on restait appuyé sur la touche. On appuie une seconde fois pour désactiver l’action.

C’est le cas de la course et heureusement ! Il y a peu de voyage rapide, donc on marche tout le temps. Cependant, courir consomme de l’endurance et vous en avez peu au début. Donc on passe son temps à courir, s’épuiser, courir à nouveau… Au fil de l’évolution, vous gagnez de l’endurance à chaque niveau et ce n’est plus un problème, mais sur les premières phases, c’est plutôt gênant.

Pour en finir avec les manipulations, passons en revue les joysticks. On a très peu de choses à ce niveau et pourtant ils sont très sollicités. Vous en aurez besoin, comme d’habitude, pour vous déplacer, orienter la caméra et viser. Mais aussi pour d’autres activités bien plus fatigantes comme manipuler les armes balistiques ou les manivelles des téléphériques. Et ça, comme le disait BibiMaster, c’est bien plus fatigant pour les muscles de la main ! Pour les téléphériques, vos pions peuvent le faire pour vous, mais il faut les attribuer à l’action.

Surtout qu’en termes d’aides sur les joysticks, on est au strict minimum. Pour les personnes qui ont des gestes moins maîtrisés, on ne peut pas régler les zones mortes ni automatiser la visée. L’option de visée existe, mais autant Ivar que les testeurs de l’équipe, on a trouvé cela très peu efficace.

Si vous manquez de force, on peu jouer sur la sensibilité de la visée, du lancer ou de la vue libre. Mais toutes ces situations utilisent le joystick « caméra », celui de gauche.

Pour le déplacement, le joystick droit, il n’y a pas de réglage de sensibilité. Et comme il sert souvent pour bien se placer en combat et pour les nombreux déplacements à pied, cela peut vous gêner et vous fatiguer. On a bien un « verrouillage de caméra », mais c’est pour garder la caméra derrière le personnage, notamment quand il y a un dénivelé. Donc pas de verrouillage de caméra sur l’ennemi, ce qui vous oblige à recadrer à la main à chaque fois qu’il bouge.

Petite combine par expérience d’Ivar : évitez les combattants corps à corps et prenez un archer ou un mage ! en utilisant le « tir instinctif », c’est à dire tirer sans viser, le jeu cible l’adversaire le plus proche. Ca vous évite donc de devoir viser. Par contre, sans visée, vous n’atteindrez pas des points précis comme les points faibles des créatures.

En plus, les classes de tireur sont moins exposés. Ceci dit, petit bémol d’Ivar à cette technique : « même en gardant ses distances avec des pions au corps à corps, les ennemis viennent vous chercher ».

Autre précision sur le déplacement : il faut être attentif où vous mettez les pieds ! En plus de dégâts de chute, Michel, dans l’équipe, a été traumatisé par un échafaudage. Lors de notre test, il s’est coincé entre une roche et un échafaudage sans possibilité de s’extirper. La seule solution fut d’aller à la dernière sauvegarde manuelle, pas celle automatique qui nous remettais au même endroit. On est donc revenu au début avec tout à refaire.

Notez qu’il est possible de retirer les vibrations dans le manette, c’est souvent important pour réduire la fatigabilité musculaire.

Donc dans ce Dragon’s Dogma 2, on a de nombreuses touches, avec des combinaisons sur des actions essentielles qu’on ne peut esquiver avec la réorganisation des touches, des appuis maintenus fréquents, du matraquage de touche dans des combats souvent longs, des sticks très utilisés… C’est un jeu exigeant physiquement !

Il n’y a donc que peu d’aides pour alléger cet aspect et la solution va certainement passer par l’utilisation des pions. Ces personnages gérés par IA vous accompagnent partout et, si vous optez pour la distance pour les raisons citées plus haut, ils seront votre garde rapprochée. Des pions corps à corps s’interposeront et vous pourrez les appeler à l’aide avec une touche d’ordre si l’ennemi se fait trop pressant.

Si vous avez besoin de souffler, rappelez vous que l’ouverture de l’inventaire gèle le combat. Ca peut être utile pour se reposer un peu dans les combats intenses.

Par contre si, comme Nico chez nous, vous comptiez sur la furtivité pour éviter les combats qui sont fatigants… Oubliez tout de suite !! Vos pions parlent tout le temps, foncent dès qu’ils aperçoivent l’ombre d’un ennemi… de vrais berserkers !

Point important pour les joueurs PC : il est possible de jouer en mode fenêtré pour permettre l’utilisation des logiciels tiers. Ivar l’a testé avec PlayAbility, un logiciel qui permet d’utiliser des mouvements du visage pour remplacer des touches. Ca fonctionne bien, le jeu ne bloque pas.

Vous l’aurez donc compris, Dragon’s Dogma 2 est particulièrement exigeant physiquement sans offrir beaucoup d’aides pour le compenser. Si les logiciels tiers sur PC peuvent compenser ce manque, en l’état, c’est un jeu qu’on ne peut conseiller aux joueurs ayant des troubles physiques ou de coordination.

Lecture intro

Et si j’ai une déficience visuelle ?

3,5/10

 

Et sur le plan visuel ? Hmm… ça n’est pas beaucoup mieux malheureusement. On l’a dit dès l’introduction, Dragon’s Dogma 2 veut par principe vous immerger dans un monde riche en vous laissant découvrir et tester les moyens de vous en sortir. Très bien ! on aime ça. Enfin, tant qu’il y a de quoi gérer le degré de « débrouillez-vous » avec les options.

Et dans ce cas précis, ce n’est pas vraiment le cas. Le jeu est magnifique graphiquement. Il est très riche en détails avec une portée d’affichage importante. De plus, il se veut le plus naturel possible dans sa direction artistique.

Il n’y a donc pas de renforts visuels particuliers, comme des traits plus épais rendant les éléments visuels plus contrastés. Et comme on le disait, du côté des options pour pallier ce manque de contraste, c’est assez pauvre. Ça commence par l’absence de filtre pour gérer la perception des couleurs. Que ce soit pour le monde ou l’interface, il n’y a pas de contraste élevé ni de filtres pour le daltonisme.

Et comme le contraste naturel est faible, même pour l’interface, on se retrouve avec de fines barres de vie vertes pour vos alliés. Elle sont difficilement perceptibles en forêt par exemple, et vous y passez pourtant du temps.

On le disait, le menu graphique est très sommaire. En dehors du réglage du flou cinétique et de la luminosité, il y a peu de choses. En tout cas, sur console. C’est un peu plus poussé sur PC qui offre un réglage fin. Mais cela reste de la qualité graphique à la marge, pas des aides impactantes dédiées à la déficience visuelle.

Les éléments d’interface sont pourtant intéressants, comme l’affichage constant des touches et de leur utilisation. Mais l’interface est en blanc sans opacité ou épaisseur. Le viseur, les aides contextuelles, l’information sur les actions disponibles… tous ces éléments indispensables au jeu deviennent donc illisibles dès que l’environnement est un peu trop clair. Et certains éléments comme les états – empoisonné, humide, brûlé… – sont très petits.

Pour les adversaires, la barre de vie est violette et scintille. C’est donc un peu plus contrasté, même si souvent perdu dans la richesse graphique du jeu. Tout ce qui a trait au suivi de quête, notamment les icônes de la mini carte, sont en jaune. C’est donc moins sujet aux problèmes de perception des couleurs. Mais rien n’est réglable en taille, donc la mini carte, qui peut vite être surchargée d’icônes, sera souvent peu lisible.

Dans un jeu où la collecte d’objet est essentielle pour la création des potions et de l’équipement, il est important de repérer facilement les ressources et autres coffres. Ces derniers ne sont pas renforcés visuellement et les ressources à collecter brillent très légèrement. Comme ils sont récurrents on finit par les repérer, mais si vous avez du mal à les distinguer… Une plante verte en pleine forêt est difficile à voir. Et c’est pourtant la base indispensable des potions de soins. Donc le léger scintillement ne vous aidera pas si votre vue est affaiblie. Et comme il n’y a pas de renfort sonore, comme un son en passant près d’un objet à collecter, vous allez en louper beaucoup.

Restons sur l’interface en évoquant les sous-titres. Le jeu est en anglais ou japonais uniquement avec des sous-titres activés par défaut. Mais ceux-ci sont en blancs et on ne peut en changer la taille. il n’y a pas de zoom non plus. L’option de fond opaque est tellement anecdotique qu’elle ne vous aidera que très peu. Surtout qu’elle ne s’applique qu’aux discussions actives. Il n’y a aucun fond sur les sous-titres des PNJ de l’environnement dont le texte s’affiche au-dessus de leur tête. Donc comme pour le reste de l’interface, même avec une déficience visuelle légère, vous serez vite gêné.

Notez, en parlant des textes, que l’interface de menu fonctionne comme des pages qui se superposent pour faire des sous-menus. Et comme on arrive très vite à 3 ou 4 sous-menus, le texte utile se retrouve au mieux dans le tiers d’écran droite. Avec une police classique, ça devrait rester lisible, mais sans zoom, l’effet superposition peut perturber.

Reste à aborder le gameplay principal : le combat. En effet, c’est une grosse partie du jeu vu que les attaques sont très fréquentes. Il y a des camps de gobelins tous les 10 mètres au départ. Sans verrouillage automatique, il faut constamment analyser la situation entre votre position, celle des ennemis très mobiles et celle de vos pions qui le sont tout autant. Beaucoup d’informations à traiter avant de vous positionner correctement pour attaquer.

D’abord, on ne sait pas où sont les ennemis. On ne voit pas leur position sur une boussole ou la mini carte. Il n’y a pas non plus de système d’alerte ou de flèche de position en jeu. Votre seul source d’information, c’est votre champ de vision.

Ensuite, on ne peut pas anticiper un combat. Vos pions foncent à vue, les ennemis se fondent souvent dans le décor sans élément interface pour les identifier. Bref, la furtivité n’est pas une option, les combats s’engagent sans que vous en ayez le contrôle et seule la musique qui devient épique, vous informe de ce passage en combat. Là encore, seul votre champ de vision vous permet d’anticiper de quelques secondes. Les combats vont donc être très complexes à gérer si vous avez une vision limitée.

Pour terminer, étant dans un environnement en 3 dimensions, il y a forcément des hauteurs. Il n’y a pas d’aides pour éviter les chutes qui génèrent des dégâts. Pour les collisions, vous n’avez pas de sons spécifiques, mais le personnage s’arrête de courir. Donc malgré ce dernier point positif, il sera impossible de s’orienter et de collecter des ressources pour un joueur non voyant. Le jeu leur est donc inaccessible.

Trop peu d’aides visuelles pour ce Dragon’s Dogma 2 pour qu’une personne en situation de handicap visuel puisse en profiter pleinement. Nous vous le déconseillons donc si c’est votre cas.

 

Lecture intro

Et si j’ai une déficience auditive ?

6 / 10

 

Lorsqu’on joue avec une surdité plus ou moins importante, on va surtout se concentrer sur les informations visuelles pour ne rien louper et renforcer ce qui est perçu. Et ça commence bien entendu par tous les échanges oraux, surtout dans un jeu d’aventure où l’histoire est importante. Alors quand il est en anglais ou japonais, on va être encore plus dépendant des sous-titres !

Et de ce côté… on en a parlé dans le chapitre précédent, les sous-titres sont présents par défaut. C’est donc un bon point. Mais c’est malheureusement le seul à ce niveau. La police est de taille moyenne et classique, donc c’est correct. Mais dès la première cinématique, on comprend vite qu’il n’y a pas de fond opaque et que le locuteur n’apparaît pas. De plus, tout n’y est pas retranscrit, comme les réactions des personnages environnants. Il n’y a pas d’audio description.

On s’est donc précipité dans les options pour changer tout ça, car c’est indispensable. Et la déception fut grande. La seule option, à part le choix de la langue et la désactivation des sous-titres, c’est l’activation de « l’opacité des sous-titres » et… c’est difficile de retenir un « pardon ?! » en l’activant. En fait d’opacité, on a un léger effet d’ombrage sur toute la partie inférieure de l’écran, en dégradé depuis le bas de l’écran. Autrement dit, la première ligne de sous-titre n’est quasiment pas impactée et l’effet est vraiment anecdotique.

Là où l’inquiétude s’est très vite confirmée, c’est que cette option, déjà a minima, n’est active que pour les discussions directes. C’est-à-dire quand vous êtes en face du PNJ dans une discussion à un pour un. Or, une grande partie des informations viennent des PNJ autour de vous. Et leurs sous-titres sont en petits caractères, au-dessus de leur tête, sans aucune opacité même si vous activez l’option.

Autrement dit, si vous ne les avez pas dans votre champ de vision, vous ne voyez pas leurs sous-titres. Et s’ils sont plusieurs, il faut balayer l’écran du regard pour lire une conversation par exemple. Et si vous êtes sourds et que vous n’entendez pas la VO, vous n’avez aucun moyen de savoir qu’un PNJ hors champ est en train de vous expliquer où se trouve la grotte où est caché le trésor que vous cherchez… Il va falloir vous transformer en girouette et souvent regarder autour de vous pour ne rien louper ! Enfin si l’environnement est assez sombre pour lire le texte…

Alors c’est un jeu dans lequel vous avez plusieurs alliés qui peuvent être les personnages d’autres joueurs, ami ou non. Mais on est bien dans un jeu pur solo. Ces alliés sont gérés par l’IA et il n’y a pas de jeu en coopération. Donc vous n’aurez pas de problèmes liés à la communication entre joueurs.

Si votre audition permet de percevoir les sons. Vous avez un menu tout de même assez complet dans le réglage des sources sonores. Et elles sont nombreuses. Mais ce réglage est par origine, pas par utilité.

Par exemple, les PNJ, les pions et les ennemis sont tous très bavards. On est donc tenté d’en rendre certains muets. Mais ils transmettent à la fois des informations utiles ET du bavardage d’ambiance. Donc c’est difficile de dire : « allez, les pions c’est du blabla, je coupe leur bavardage pour n’entendre que les ennemis ». En effet, parfois ils donnent des informations importantes : « tiens, je connais le coin, il y a un coffre par là ! » Donc impossible de les museler définitivement et on doit garder les 3 sources sonores actives. On aurait préféré un réglage « discours d’ambiance / information de jeu ».

En termes de gameplay, votre principale difficulté va être la gestion des ennemis. On l’a détaillé plus haut : il y a très peu d’information sur l’engagement en combat. Seule la musique change quand le combat est engagé donc si vous ne la percevez pas, vous ne verrez pas forcément qu’un pion hors champ de vision a sauté direct dans un camp de gobelin ou qu’il a chatouillé un troll. Il faudra donc toujours avoir l’œil sur vos trois pions !

Et une fois en combat, aucun système de repérage des ennemis. A nouveau, la seule solution sera d’avoir des yeux partout. Surtout que les ennemis ont tendance à vous sauter dessus, littéralement, de loin. Les ennemis tireurs vont également être une plaie, le temps de les repérer.

Nous n’avons pas repéré de gameplay uniquement sonores. Mais la difficulté à avoir les informations nécessaires pourra vous rendre pénible certaines phases de jeu.

 

Lecture intro

Et si j’ai une déficience cognitive ?

4 / 10

 

Et on s’intéresse maintenant à l’aspect cognitif de ce Dragon’s Dogma 2. Alors on va tout de suite le rappeler : c’est un jeu avec des voix en anglais, ou japonais. Si vous ne maîtrisez pas l’une ou l’autre, ça veut dire que tout va passer par l’écrit et il n’y a pas de lecteur d’écran ! C’est donc difficilement jouable pour une personne qui n’est pas à l’aise avec l’écrit. Les sous-titres, surtout ceux des PNJs et des cinématiques, ne s’affichent pas longtemps. Dans les discussions directes, c’est vous qui choisissez quand on passe au texte suivant.

Ceci étant dit, on va examiner comment on vous accompagne dans le jeu et à quel point il vous demandera des capacités d’analyse et de concentration. C’est un jeu d’aventure RPG donc on le sait, c’est un style de jeu difficile pour les personnes ayant des troubles cognitifs. Ce sont des jeux avec plusieurs mécaniques qui s’imbriquent souvent et de la gestion de personnages, de ressources…

Et c’est exactement le cas dans Dragon’s Dogma 2. En effet, de la gestion vous allez en avoir à tous les niveaux !

C’est un jeu de rôle, donc il va falloir gérer votre personnage. Il a une classe, des compétences, monte en niveau… c’est un classique. Rares sont les titres qui vous orientent dans vos choix, même si on a déjà croisé des jeux ou cela va jusqu’à être automatisé. Dans les jeux où l’aventure prend le pas, la partie RPG est plus « cosmétique » pour varier un peu son style de jeu.

Sachez que dans ce jeu, le mot d’ordre est à la débrouillardise. Les possibilités sont énormes et rien n’est automatisé pour vous laisser expérimenter. On va retrouver toutes les explications dans le menu principal, puis « Carnet », puis dans le menu « Journal didacticiel », rangées par thématiques de « Combat, Exploration… » et enfin en fiches par sujet. Donc oui, on est à 4 niveaux de sous-menus et la certitude de perdre du monde en route. Les fiches sont illustrées d’une image, mais l’essentiel de l’information est donné par écrit.

Dragon’s Dogma 2 ne propose pas de niveaux de difficulté. Et ça, on l’a senti dès le premier gobelin !! Tout le monde s’est fait avoir. Votre capacité à gérer les ennemis va dépendre de votre matériel, une arme adapté à l’ennemi chassé sera parfois nécessaire. C’est habituel dans de nombreux RPG, mais dans Dragon’s Dogma 2 cela a un fort impact.

Le choix de vos pions alliés sera également important. Il faut équilibrer l’équipe pour plus d’efficacité. Et la complexité de l’évolution du personnage principale est doublée puisque votre pion principal doit aussi développer ses capacités et son matériel. Enfin, on a vite compris que la stratégie était importante. Un ennemi tapé avec la bonne arme en étant placé au bon endroit pour toucher un point faible peut le tuer en 2 ou 3 coups. Alors que si vous tapez droit devant vous avec une arme simple vous demandera des dizaines de coups.

Expérience frustrante pour Joël et Steven qui, ayant des difficultés à se concentrer et prendre le temps d’analyser, ont une fâcheuse tendance à foncer droit su l’ennemi. Les joueurs ayant des troubles de concentration ou étant très impulsifs vont donc avoir de grandes difficultés.

Ajoutez à tout cela d’autres couches de gestion : les ennemis et l’environnement vous transmettent des états : empoisonné, brûlé, humide… qui ne peuvent être retirés qu’avec la bonne potion. Nico avait beau boire toutes ses potions de soin chèrement acquises, il ne faisait que regagner de la vie sans soigner le statut d’empoisonné qui continuait à lui faire des dégâts.

Autre aspect de gestion : le poids. Les personnages ont une capacité limitée à porter donc s’il porte trop il s’épuise. A vous de répartir les objets entre les pions. Encore une couche ? Le temps. Vos ingrédients vont évoluer. Si vous récupérer de la viande en chassant, elle va pourrir avec le temps. Et une viande pourrie empoissonne, sauf si elle est cuite et vous donnera alors des bonus.

Une dernière ? La création d’objets ! Et elle n’est pas la plus facile. Vous allez trouver de nombreuses ressources, plantes, pierres, métaux… et en les associant vous obtenez des résultats différents. Telle plante avec des champignons donne une potion d’endurance, alors que la même plante avec des fleurs donne une potion de soin… il y a des dizaines de combinaisons possibles qui vous donnent cette potion de base.

Dragon’s Dogma 2 est donc un jeu très complexe. A la fois par les nombreuses couches de gestion, mais aussi parce qu’il vous laisse découvrir les choses par vous-même. Et s’il vous manque une information, elle est à l’écrit, enfouie au 4e sous-menu.

On l’a vu plus haut, les combats sont tactiques. Au corps à corps, votre personnage tapera l’ennemi le plus proche, si vous êtes bien placé. A distance le tir instinctif est automatiquement sur la cible. Mais dans les deux cas, cet aspect automatisé est très insuffisant pour s’en sortir. Il va vous falloir une stratégie en tenant compte de vos alliés.

Parce qu’avec 3 pions et parfois des alliés PNJ, quand vous croisez un camp de gobelins, le combat devient vite confus. A un moment, on avait une escorte quand on a croisé des gobelins, c’est plus de 10 personnages à l’écran qui se battaient à coup de boules de feu, flèches, assauts…

Si ça devient trop difficile à suivre, ouvrez l’inventaire : ça met le combat en pause le temps de souffler !

Parlons maintenant de l’accompagnement en jeu. C’est à dire savoir ce qu’on doit faire en priorité. Et comme pour le reste, la débrouille est de mise. En effet, vous allez avoir de nombreuses quêtes. A peine entré dans un village que des PNJ se jettent sur vous pour vous raconter leurs malheurs et vous demander de l’aide. Ces quêtes s’ajoutent dans votre journal par ordre chronologique, pas d’importance. Vous pouvez en suivre une qui s’affiche sous forme d’icône jaune sur votre mini carte. Ce sera la seule indication de ce que vous avez à faire.

Ecoutez vos pions, ils vont souvent vous donner des indications sur ce qu’il y a autour et parfois ils vous servent de « GPS ». S’ils connaissent votre quête en cours, ils vous montrent la route vers l’objectif. Et il n’y a plus qu’à les suivre. Mais la plupart du temps, vous devrez chercher par vous-même !

Enfin, parlons du système de sauvegarde qui risque d’être assez problématique pour certains. Le jeu sauvegarde souvent. C’est la sauvegarde automatique. Mais elle ne sert qu’à très court terme, si vous mourrez par exemple. En fait, la « vraie » sauvegarde se fait quand vous êtes dans un camp ou à l’auberge. Si vous quittez le jeu sans avoir sauvegardé à l’auberge ou si vous êtes coincés… derrière un échafaudage par exemple… alors vous allez reprendre à la dernière auberge. Et si c’était il y a 10 heures, et bien c’est tout ce temps qui est perdu !

Vous l’aurez donc compris, un jeu complexe avec beaucoup de gestion, en version originale, qui met l’accent sur l’autonomie du joueur pour comprendre le jeu, sans l’accompagner. Peu de personnes en situation de handicap cognitifs pourront s’y retrouver. En tout cas, dans l’équipe de testeurs, c’est le sentiment général.

 

Lecture intro

    Notre avis

C’est un bon jeu sur bien des aspects, mais le constat est malheureusement sans appel pour son accessibilité : Dragon’s Dogma 2 va être difficile, voire impossible, à jouer pour un bon nombre de joueurs en situation de handicap.

Notre inquiétude au lancement, en ne voyant pas d’onglet accessibilité dans les options, s’est vite confirmée. Et c’est une décision qu’on imagine de fond. La spécificité de ce jeu est d’offrir une totale autonomie du joueur. En effet, on retrouve cela sur tous les plans : que ce soit dans l’évolution de votre personnage, la façon dont vous allez aborder l’aventure, dans l’exploration… On ne vous dirige pas, vous vous laissez porter par votre aventure.

Mais liberté de découvrir le monde tel qu’il est ne doit pas signifier absence d’options pour le moduler. Le résultat est que si on a pas les capacités pour aborder ce monde tel que proposer, et bien on reste à la porte.

Quand on voit le travail d’accessibilité fait sur Street Fighter 6, on se doute bien que ce manque d’accessibilité n’est pas une position de fond de Capcom, mais bien une identité spécifique à Dragon’s Dogma 2. Donc on attendra leur prochain titre, faute de profiter de celui-ci !

Review Scores

4.5
  • moteur - 4
  • visuel - 4
  • auditif - 6
  • cognitif - 4

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